À PROPOS
Une partie de ma famille est originaire de Montselgues, petit village de la Cévenne ardéchoise. Au dix-huitième siècle, elle a habité le lieu-dit « Teste-rouge ». Il m’a souvent été demandé les raisons de mon attachement à cette partie de la Cévenne ardéchoise. C’est le lieu où les murs des maisons ruissellent d’histoire, où les gens parlent encore aux abeilles et mettent un crêpe noir sur la ruche la plus proche quand le patron est mort. C’est cette nature où tant de châtaigniers centenaires dévalent le long des pentes des montagnes, cette nature qui nourrit les sangliers de châtaignes et de fruits délaissés. C’est l’endroit où l’eau des sources est, dit-on, capable de guérir certaines maladies. C’est l’endroit ou des bergers vous expliquent que les hirondelles apportent de toutes petites pierres qui peuvent guérir les maladies des yeux. C’est l’endroit où l’on ne tuait pas systématiquement les loups : on leur faisait simplement peur avec un pistolet spécial dont le canon en forme de tromblon jetait de la mitraille. C’est aussi l’endroit où, sur les plateaux enneigés, balayés par la burle, le voyageur pouvait compter sur des bonnes fées pour l’aider à retrouver son chemin. C’est là aussi que, dans les fermes complètement isolées, celui qui venait frapper à la porte trouvait sur les landiers de la cheminée un petit bol de soupe chaude. C’est l’endroit où l’on raconte que les pendules se sont arrêtées le jour de la mort de Louis XVI.
Que dire d’autre ? Qu’une certaine tradition orale éclaire un peu l’inexplicable dans ces lieux où les églises romanes ont trouvé une terre d’adoption. Au cours de son histoire tourmentée, ce pays a souffert, mais il a su s’adapter, composer sans se compromettre. Ici, le mot solidarité a encore un sens.

